Comme l’indique Eric Anselin, directeur de l’association, « Il n’est pas simple de recruter des clowns hospitaliers. Les critères de choix sont multiples et sont davantage basés sur des soft skills que des hard skills ».
La première étape du recrutement est classique. Elle consiste à faire paraitre une annonce d’emploi dans plusieurs supports : journaux, sites de recrutement, réseaux sociaux, …
Lors du dernier recrutement qui vient de se terminer, nous avons reçu plus de 60 candidatures. Nous avons examiné avec attention les dossiers reçus afin de repérer les personnes qui, à première vue, correspondent le mieux à nos attentes : une expérience dans le domaine social ou le secteur médical, une certaine expérience en tant que clown, la maîtrise des langues usuelles du Luxembourg, une pratique artistique avérée (théâtre, musique, chant) … A l’issue de cet examen, nous avons sélectionné 12 candidats qui ont été invités à participer à un workshop de recrutement durant un week-end entier.

Deux de nos clowns hospitaliers les plus expérimentés, Mathilde et Elke (alias Nitouche et Lula en clown) ont mené durant tout le week-end le workshop de recrutement.
Comme l’explique Mathilde « tout d’abord le samedi matin, il y a des exercices ludiques en groupe pour « briser la glace » entre les candidats. L’état de jeu, qui est au centre du métier, est abordé de différentes manières : par l’expression non-verbale, la présence et l’implication physiques, le rapport à la voix à travers le chant tout comme une bonne connaissance de soi pour accepter de jouer avec ses défauts. Les consignes données sont-elles respectées tout en étant attentif à ce qui se passe ici et maintenant ? L’envie de jouer est-elle plus forte que la peur de se sentir ridicule ? Quelle est la justesse des émotions ? Le fait de prendre des risques mesurés, d’oser se montrer sensible, touchant, drôle donc humain… Puis l’après-midi, ce sont des mises en situation en duo pour explorer l’écoute de soi et du partenaire, la compréhension du jeu et son développement en commun sans oublier le rapport indispensable au public ».

En fin de journée, Mathilde et Elke font un premier debriefing, avant de reprendre le workshop le dimanche matin où elles vont tâcher de déceler d’autres facettes du caractère de chaque candidat. Comme l’indique Mathilde : « c’est grâce à un travail en solo plus approfondi que les forces mais aussi les failles clownesques des candidats seront décelées.
L’acceptation de ce qui nous échappe et la combativité face à l’inconnu sont alors très importantes. Le dimanche après-midi est consacré à des simulations avec des jeux de rôle tenus par l’équipe de clowns existante. Ces situations vécues sur le terrain en pédiatrie et gériatrie vont permettre de voir comment les candidats en duo tentent de comprendre au mieux le contexte. Parviennent-ils à apporter légèreté, écoute, empathie et drôlerie, ceci sans tomber dans les pièges des choses à ne pas faire ».
Le workshop de recrutement se termine par un tour de parole où chaque candidat peut faire état de ce qu’il a vécu et ressenti.

Ensuite, une fois digérés tous les aspects perçus lors du workshop, Elke, Mathilde et Eric vont confronter leurs impressions et leurs analyses. Ceci permettra de définir la liste finale des candidats que nous souhaitons recruter et qui seront recontactés pour un entretien d’embauche avec le directeur de l’association.
En résumé, comme l’explique Eric Anselin, « notre processus de recrutement nous permet de mettre en évidence de nombreux traits de caractère des futurs collaborateurs clowns. Ceci est essentiel, car, plus que des diplômes, nous recrutons des personnalités qui, selon nous, vont être capables de s’adapter à ce métier dans la durée et de s’intégrer dans l’équipe existante».